Saisir l'europe

Lancement-SaisirEurope-15avril2013

 

www.saisirleurope.eu

L'Institut franco-allemand de sciences historiques et sociales participe en collaboration avec l'université Goethe de Francfort à la mise en place du projet de recherche « Saisir l'Europe-Europa als Herausforderung ». Il constitue la base d’un rapprochement pérenne d’acteurs majeurs de la recherche franco-allemande pour les cinq années à venir dans le domaine des sciences humaines et sociales, au nombre desquels on compte l’IFRA/SHS.

Face aux crises que traversent l’Union européenne, ce réseau franco-allemand de recherche  se propose de penser à nouveaux frais la question de l’Europe. Il convient aujourd’hui de jeter un regard neuf et différent sur l’objet « européen », de le considérer non comme un acquis, mais comme un défi pour la politique, la société et la science. Les travaux, qui s’étalent de 2012 à 2017, sont menés dans un cadre résolument interdisciplinaire et international. Ils s’organisent autour de trois axes, circonscrits lors les réunions successives qui se sont tenues pour approfondir les contours du projet présenté le 13 octobre 2011 à l’Académie des Sciences de Berlin en présence des ministres français et allemand et des représentants des principaux organismes de recherche des deux pays :

  • L’État social
  • Le développement durable
  • Les violences urbaines

Le premier thème concerne les États sociaux européens et les incertitudes quant à leur avenir sur l'arrière-plan bien connu de manque de moyens et de sociétés à la fois plus fluides et vieillissantes ; le second s’attache au développement durable, qui va au-delà de la simple protection de l’environnement, et compte parmi les questions existentielles des sociétés futures ; le troisième traite des phénomènes de violences urbaines, qui se sont ancrés dans toutes les sociétés européennes en modifiant la réalité de la perception du bien-être commun. Dans ces trois domaines, l’action publique, dont l’efficacité est amoindrie par le recul de la sphère étatique depuis quelques décennies, est confrontée à la nécessité, en se renouvelant radicalement, de trouver la juste parade à des équations à plusieurs inconnues dans un environnement social instable. 
Outre sa présence au cœur du projet, il est à noter que l’ IFHA (aujourd'hui IFRA/SHS) a participé en tant qu’acteur majeur à l’élaboration des thématiques de l’axe 2, dont la coordination allemande se trouve à l’université de Francfort tandis que son pendant français est situé à Lyon.

 Un réseau franco-allemand ouvert à d'autres partenaires.

D’un point de vue institutionnel, l’objectif du projet est la mise en place d’un réseau franco-allemand, ouvert si nécessaire à d'autres pays européens et extra-européens, qui s'attache à l'étude des trois axes évoqués au préalable. Les conditions actuelles y semblent très favorables. En effet, divers acteurs et institutions de part et d’autre du Rhin, ayant pris la mesure des enjeux, ont mis au service du projet leurs longues années d’expérience franco-allemandes dans la recherche en réseau et dans la formation de jeunes chercheurs : l’Institut français d’histoire en Allemagne devenue Institut franco-allemand de sciences historiques et sociales, et sa partenaire, l’université Goethe de Francfort, le CIERA et ses établissements membres, le Centre Marc Bloch et l’université Humboldt de Berlin, la Fondation de la Maison des sciences de l’Homme et l’Institut historique allemand de Paris.

Ces institutions ont décidé d’approfondir et d’institutionnaliser leurs pratiques de coopération en créant un projet de recherche commun. Ce réseau franco-allemand structuré, qui dispose d’un comité directeur représenté par deux porte-parole, Michael Werner (CIERA) et Gabriele Metzger (université Humboldt de Berlin), de commissions de sélection, d’un conseil scientifique et des trois groupes de travail évoqués peut éventuellement, au-delà de la durée de cinq années sollicitée pour le projet, rassembler des équipes internationales autour de sujets de recherche émergents et les aider à trouver les financements nécessaires. Grâce à sa forme réticulaire, le projet ne crée pas d'institution nouvelle, mais permet à des équipes déjà constituées de mettre à profit leur savoir et expertise pour mener à bien le projet « Saisir l'Europe-Europa als Herausforderung ».        

Le projet vise également, au-delà des objectifs de recherche qu'il s'assigne, à la formation d’une nouvelle génération de jeunes chercheurs hautement qualifiés qui sont insérés dans une expérience continentale et internationale de grande échelle : les doctorants bénéficient d’une immersion dans un milieu de recherche reconnu et chevronné et découvrent différentes approches et cultures scientifiques et disciplinaires. L’emploi de post-doctorants en tant que chefs de projet des trois groupes de travail décrits ci-dessus leur offre la possibilité de développer des compétences requises au sein de la communauté scientifique, mais aussi dans d’autres domaines. Les chefs de projet veillent tout particulièrement, par l’organisation de rencontres régulières, d’ateliers et de colloques, à favoriser le dynamisme de la discussion interne, à établir un lien avec la communauté scientifique et à s’assurer que les résultats de recherche trouvent un écho auprès du grand public et des acteurs du monde politique et socio-économique. L’organisation des rencontres est partiellement financée par le budget du réseau, mais les groupes de travail sont par ailleurs tenus d’obtenir leurs propres financements tiers pour les manifestations programmées. A cet effet, les participants peuvent recourir aux instruments déjà existants chez les porteurs de projet (colloques « junior », workshops thématiques, ateliers de recherche de la Villa Vigoni, séminaires annuels et universités d’été pour jeunes chercheurs, programmes combinés de formation et de recherche, etc.). Les programmes de l’Université franco-allemande et de la Fondation de la Maison des sciences de l’Homme se prêtent particulièrement bien au financement d’activités scientifiques internationales.

Chacun des groupes de travail organise une journée d’étude internationale afin de débattre de ses résultats avec un vaste public spécialisé. Les travaux de recherche des participants aboutiront à l’élaboration d’une monographie, dont les résultats les plus substantiels seront diffusés sous la forme d’articles dans des revues spécialisées de premier ordre. De plus, il est prévu que chaque groupe de travail conçoive un recueil final présentant le cadre conceptuel et théorique et les études de cas abordées dans leurs interactions, établissant ainsi un nouveau canevas pour toute réflexion ultérieure sur l’Europe

Un site internet est mis en place afin d’assurer la coordination, la mise en réseau et la publication des travaux des groupes de recherche. Il favorise la diffusion de flux d’information, les échanges scientifiques ainsi que la mise en ligne interne et externe des résultats. De cette façon, les participants et organisateurs du projet « Saisir l’Europe-Europa als Herausforderung » peuvent s’appuyer sur un environnement numérique de travail s’inscrivant dans la dynamique des digital humanities. Outre la communication directe lors des workshops et des journées d’études, le site web du réseaufavorise ainsi la communication avec la communauté scientifique. Les événements et manifestations du projet y sont annoncés (ainsi que d’autres manifestations du même champ thématique proches). La publication de littérature grise, de comptes rendus de journées d’étude et d’ateliers de recherche est également prévue. Le site web du projet présente une interface bilingue et offre une plateforme aux infrastructures de recherche à la fois françaises et allemandes. S’adressant à des chercheurs français et allemands, elle fait connaître les instruments de recherche des deux pays, contribuant ainsi à un transfert de savoir et de bonnes pratiques. http://www.saisirleurope.eu

La Revue de l’IFHA (devenue Revue de l'IFRA) devient également dans ce cadre un espace privilégié de publication pour le réseau. Elle fait état des ateliers et journées d’étude organisés au cours du projet (voir Revue n°6) . Cela vaut notamment pour les trois journées internationales prévues en quatrième année, auxquelles des publications de haut niveau devraient donner une grande visibilité. La diffusion d’informations auprès d’un public spécialisé pourra en outre s’appuyer sur les cyber-infrastructures déjà existantes en France et Allemagne.

 Le déroulement du projet. 

Le calendrier est désormais défini. Les chercheurs et post-doctorants ont commencé dès le début de la première année du projet, en l’occurrence en 2013, par se rassembler pour faire connaissance, discuter et préciser les programmes de travail de chaque groupe.

La deuxième année du projet a commencé par un colloque réunissant à Francfort tous les doctorants, post doctorants et scientifiques impliqués dans le projet. Cet atelier de recherche a permis de mieux connaître et de discuter les travaux des collaborateurs du projet, de s’entendre sur l’état de la recherche dans les domaines abordés, de débattre de questions fondamentales relatives à chaque groupe, de développer dans le cadre de discussions les méthodes et théories à employer, ainsi que de communiquer à tous les participants une ligne directrice commune qui fournit un cadre au projet. Durant la phase principale, les trois groupes de travail se concertent une fois par an lors d’un atelier de recherche de plusieurs jours, visant à mettre en commun les résultats relatifs au thème global qui aura été choisi. Celui-ci a eu lieu à Francfort en novembre 2014, de nouveau il se tiendra en octobre 2015. Une progression a été prévue dans ce sens : la première année de la phase principale se concentre sur les méthodes et les concepts, la deuxième année sur les données empiriques, la troisième sur la rédaction et l’achèvement des travaux. Les chercheurs membres des établissements porteurs de projet et des institutions partenaires participent également aux rencontres annuelles du réseau.

Le colloque de clôture aura pour objectif de dresser un bilan global des travaux menés. Il fournira l’occasion de mettre en valeur les résultats obtenus en matière de création de réseau, de formation des doctorants et d’insertion professionnelle des jeunes chercheurs, et d’esquisser ainsi un cadre de réflexion pour la poursuite du projet.

Le projet a débuté préalablement le 1er juin 2012 par une phase préparatoire au cours de laquelle les partenaires du projet de recherche ont mené les travaux exploratoires et fondateurs (constitution des comités, appels d’offres, sélection des post-doctorants et des coordinateurs). À l’issue des travaux préparatoires, il a été véritablement lancé le 1er octobre 2012 pour une durée de cinq années structurée en trois phases. Ce découpage correspond à l’inégale durée des contrats post-doctoraux et doctoraux, les premiers ayant une durée de cinq ans (avec des nuances entre les contrats français et allemands), les seconds de trois. Le projet comprend ainsi une phase de démarrage d’un an (pour les post-doctorants uniquement), une phase principale de trois ans (pour doctorants et post-doctorants) et une phase de clôture d’un an (réservée aux post-doctorants).        

Dès la phase de démarrage, le projet a été rendu public par une conférence de lancement dans le cadre des festivités célébrant le 50e anniversaire du Traité de l’Élysée ; à Paris le 15 avril et le 19 avril 2013 et à Berlin en juin. Les enjeux principaux des trois groupes de travail seront évoqués dans différents volets de la conférence. La participation à haut niveau des deux ministères français et allemand assurant la promotion du programme est probable. L’objectif de la conférence est, par ailleurs, la prise de contact avec le monde scientifique au sens large, avec des collaborateurs potentiels pour les doctorants et les post-doctorants, avec des interlocuteurs de terrain et des représentants des médias.

La clôture du projet en 2017 coïncide avec la célébration des cinquante ans du Traité de Rome. Là encore, on profitera de cet environnement favorable pour donner une grande visibilité aux résultats du projet. Il s’agit de nouveau de monter une conférence médiatique. À l’instar d’une « publication-événement » de livre, les travaux de recherche des groupes de travail formeront le cœur de la conférence et seront évalués par d’éminentes personnalités scientifiques et politiques.

Le projet ainsi envisagé constitue pour l’IFRA/SHS un point d’appui important dans le cadre duquel se déroulent nombre d’activités jusqu’en 2017. Il accueille directement dans ses murs l’un des post-doctorants en lui donnant le cadre de travail approprié pour mener à bien le projet commun et lui donner l’écho désiré. L’IFRA/SHS est au cœur de ce projet et entend par ce biais resserrer ses liens avec son partenaire universitaire francfortois, mais aussi bien entendu avec les autres cellules actives du réseau en France et en Allemagne. Le but de cette fédération de recherche est non seulement de produire des résultats communs sur les thématiques décrites, mais aussi de pouvoir encadrer et financer de jeunes doctorants et post-doctorants issus des institutions porteuses du projet, lequel est voué à profiter d’allocations budgétaires supplémentaires mais aussi à accroître son action par la mutualisation de moyens et d’outils (écoles d’été, ateliers, bourses, publications) et au-delà par la réponse commune à des appels d’offres franco-allemands (UFA, DFG/ANR…).